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mercredi 5 juin 2019

"L'usage que les Égyptiens faisaient du zodiaque montre à quel point de perfection ils avaient élevé les sciences exactes" (Pierre-Dominique Martin)

Le Zodiaque de Dendéra - Département des Antiquités égyptiennes - musée du Louvre

 "Après la théologie, les Égyptiens avaient élevé les sciences et les arts à un tel degré de perfection, qu'il devient absolument impossible de tracer à leur gradation, une marche qui puisse en faire soupçonner l'origine. 
Pour se former une idée de ce haut point de perfection, il faut parcourir et contempler avec vénération, les temples et les palais encore existants dans la haute Égypte. Sans entrer dans la considération de la grandeur et de la beauté de ces monuments, on reconnaîtra aisément par les sculptures dont ils sont couverts, et surtout par les tableaux astronomiques dont ils sont enrichis, l'état de la science à des époques bien antérieures à leur construction. 
Un de ces palais, connu sous le nom de Memnonium, renfermait une bibliothèque composée de différents ouvrages publiés par les savants. Elle avait été formée par le roi Osymandias, antérieur d'un grand nombre de siècles à Sésostris, contemporain de Moyse. 
Ce même Osymandias avait fait entourer son tombeau d'un cercle d'or, divisé en 365 parties égales, en mémoire du perfectionnement de l'année vulgaire ou année vague, qui n'était auparavant formée que de 360 jours, auxquels on ajouta cinq jours à cette époque. Chacune des 365 divisions de ce cercle répondait à un des jours de l'année, et on y avait marqué les principales étoiles qui se levaient ou se couchaient ce jour là. Un tel calendrier ne pouvait certainement être que l'ouvrage d'un siècle savant et éclairé, et il doit supposer une suite d'observations assez longues pour en assurer la justesse.
Cette année, dont je viens de parler, qui servait à régler les fêtes et les sacrifices de la religion, est parvenue jusqu'à nous sous le nom d'époque de Nabonassar ; elle était appelée vague, parce que son commencement n'était jamais fixe. En effet, l'année solaire étant de 365 jours et 6 heures, il s'ensuit que, tous les quatre ans à peu près, le commencement de l'année vague, qui n'était que de 365 jours, devait rétrograder d'un jour, et par conséquent correspondre à tous ceux de l'année solaire dans un espace de 1460 ans, qui formaient le grand cycle divin. Cet inconvénient
était grave, mais toute intercalation était expressément défendue, parce que, en parcourant ainsi les saisons, les fêtes sanctifiaient successivement tous les jours de l'année solaire vraie. 
Pour remédier à cet inconvénient, on avait établi une année civile pour la culture des terres, pour les fermages et le paiement des impôts qui se prenaient sur les produits de la terre.
Le commencement de cette année civile était fixe et marqué, selon Ptolémée, au solstice d'été. Cette époque était remarquable pour l'Égypte, parce que c'est alors que commencent la crue et l'inondation du Nil, seule cause de la fertilité de ce pays, où il ne pleut jamais.
C'est d'après cette hypothèse du commencement de l'année au solstice d'été, que l'on a pu assigner aujourd'hui l'époque de l'érection des divers monuments qui présentent des zodiaques dans leurs décorations ; c'est même en suivant cette idée que l'on est remonté jusqu'à l'institution du zodiaque primitif. Il est certain que cette attribution de l'invention du zodiaque aux Égyptiens n'est pas due absolument au désir de relever et d'illustrer cette nation. D'abord, on en trouve sur plusieurs de leurs monuments les plus anciens, et en second lieu il n'est pas de pays sur la terre où la disposition des signes donne une explication aussi simple et aussi naturelle des phénomènes réguliers et annuels que l'Égypte présente. Je renvoie à la description des monuments, les détails relatifs à l'application de ce zodiaque primitif, au climat, au sol et aux travaux agricoles des Égyptiens. Il me suffit ici de faire remarquer que l'usage qu'ils faisaient de ce zodiaque montre à quel point de perfection ils avaient élevé les sciences exactes à des époques bien antérieures aux temps historiques." 


Extrait de Histoire de l'Expédition française en Égypte, 1815, par Pierre-Dominique Martin
(1771-1855) ingénieur au Corps Royal des Ponts et Chaussées, membre de la Commission des Sciences et Arts d'Égypte, et l'un des coopérateurs de la Description de ce pays, publiée par les ordres du Gouvernement français.