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jeudi 24 mars 2022

L'architecture égyptienne "posséda les éléments principaux qui entrèrent depuis dans l'architecture de toutes les nations civilisées" (Gazette du bâtiment - XIXe s.)

Philae (Moh. Hakem - Wikipedia)

"Le caractère de cette architecture primitive, que nous ne pouvons réellement apprécier que dans les monuments des Égyptiens, était une solidité à toute épreuve, une grandeur gigantesque, une sévérité de magnificence dont ce peuple trouva le prototype dans les excavations et dans les montagnes que la nature avait placées autour de lui. Les monuments de l'Égypte remplissaient de tout point leur objet ; ils satisfaisaient à l'exigence du système religieux ; leur forme était le résultat de l'emploi de la pierre et du granit ; leur couverture en terrasse offrait l'aspect caractéristique des constructions propres à un climat sans pluie ; enfin, la sculpture historique et symbolique appliquée, non comme un ornement arbitraire, mais comme un emblème significatif et moral.
L'architecture égyptienne étant éminemment rationnelle, son influence dut être grande sur la marche et sur l'histoire de l'art ; elle le fut, en effet : la première, elle posséda les éléments principaux qui entrèrent depuis dans l'architecture de toutes les nations civilisées.
Elle eut des colonnes soumises à de certaines proportions : son entablement est le plus complet possible pour un entablement en pierre ; on y trouve les caissons les plus naturellement disposés selon le système de sa construction, elle admit enfin la décoration la plus monumentale que l'homme pût inventer. Faite pour produire l'étonnement et l'admiration, c'est-à-dire pour frapper par le grandiose, elle obtint à l'aide de cette qualité, dominante dans l'art égyptien, sa plus haute perfection. Si elle s'en tint là, si elle ne rechercha pas la beauté qui plait et qui charme, telle que l'offre l'architecture grecque dans sa progression continuelle, en revanche elle ne présente pas de décadence comme celle-ci, il semble être, en effet, dans la destinée de l'art de s'arrêter à un certain degré sans rien perdre, ou de décroître par sa tendance même vers un mieux qui n'est pas en son pouvoir ; mystérieuse alternative où le génie de l'homme est, en quelque sorte, renfermé par la nature, comme entre des limites infranchissables."


extrait de la Gazette du bâtiment : journal hebdomadaire, industriel, artistique, littéraire, Paris, 21 janvier 1847