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mercredi 19 septembre 2018

"Rien de plus gai, de plus amusant, de plus naïf que ce bon peuple égyptien qui aimait la vie et qui se réjouissait profondément de son existence" (Henri-Brugsch-Bey)

tombe de Menna - photo Marie Grillot
"Nous ne pouvons terminer ce chapitre sans dire quelques mots sur le caractère des anciens Égyptiens jugés d'après les indications des monuments. Il y a des personnes très instruites et même versées dans les sciences historiques qui dépeignent les Égyptiens comme un peuple grave, sérieux, morne, exclusif, religieux, toujours occupé de l'autre monde et ne faisant nul cas de la vie, en un mot comme les trappistes de l'antiquité. Mais est-il possible que cette terre fertile, que ce fleuve majestueux qui la parcourt, que le ciel pur, que le beau soleil d'Égypte ait pu produire une nation de momies vivantes, un peuple de tristes philosophes, qui ne regardait cette vie que comme un fardeau à s'en débarrasser bientôt ?
Parcourez l'Égypte, examinez les scènes sculptées ou peintes sur les murailles des chapelles funéraires, consultez les inscriptions gravées sur la pierre ou tracées à l'encre sur le papyrus, et vous serez obligés de modifier votre fausse opinion sur vos philosophes égyptiens. Rien de plus gai, de plus amusant, de plus naïf que ce bon peuple égyptien qui aimait la vie et qui se réjouissait profondément de son existence. Loin de désirer la mort on adressait des prières aux dieux pour conserver la vie et pour accorder une heureuse vieillesse, si possible “jusqu'à l'âge parfait de 110 ans”. On s'adonnait aux plaisirs de toute espèce, on chantait, on buvait, ou dansait, on aimait les excursions à la campagne, où la chasse et la pêche étaient des distractions réservées particulièrement à la noblesse. Conforme à ce penchant pour le plaisir, les gais propos, la plaisanterie un peu libre, les bons mots, la raillerie et le goût moqueur étaient en vogue et les badinages entraient jusque dans les tombeaux. Les maîtres des grandes écoles avaient leur peine à dresser la jeunesse et à supprimer la passion des plaisirs. Le bâton jouait vertement son rôle, si l'exhortation verbale n'avait pas eu de succès, car les sages du pays disaient : 'Les oreilles d'un jeune homme sont sur son dos.'"

extrait de Histoire d’Égypte, par
Henri Brugsch-Bey (1827-1894), égyptologue allemand, associé à Auguste Mariette dans ses fouilles à Memphis