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vendredi 17 juillet 2020

Dans les profondeurs du désert égyptien, par la marquise de Laubespin

Dans le désert égyptien, par Charles-Théodore Frère (1814-1888)

"31 Janvier. - Nous nous enfonçons dans les pro
fondeurs du désert, après avoir dit adieu au doyen de notre bande, peu soucieux de l'inconnu qui nous attend. Un Bédouin superbe, au fier profil, au regard profond, où la colère allume parfois une lueur sauvage, nous a été donné, ainsi que ses frères, comme guide et escorte, par un de nos amis. Abou-Chanem - c'est son nom - marche en tête, sur son dromadaire : nous le suivons, un peu effrayés d’abord de la hauteur et des allures de nos montures du désert, mais rassurés bientôt, puis habitués et finalement attachés à ces dociles bêtes, comme à de bons serviteurs, d'autant plus que ce genre de sport n’entraîne pas la fatigue qu'on lui prête.
Quarante chameaux de charge ou de selle forment une file imposante. Les campements, choisis souvent auprès d’une oasis, présentent un spectacle des plus pittoresques, avec les tentes dressées, la cuisine en plein air, la pile des ballots, les animaux couchés et ruminant leur maigre pitance, enfin les grands feux autour desquels nous nous groupons pêle-mêle avec nos Bédouins aux types sévères, aux costumes élégants. Éclairés par les flammes et leur empruntant des teintes inexprimables, ils charment la veillée, tantôt par des chants tristes et monotones, tantôt par ces contes merveilleux que tous les Orientaux aiment avec passion : des exploits guerriers, des apologues, des légendes en fournissent le texte, celle surtout, m'a-t-on dit, de la reine de Saba et du roi Salomon. Parfois ces hommes si graves aiment à rire : les femmes alors sont, de préférence, l'objet de leurs sarcasmes. (...)Revenons à la vie du désert.
Le désert n'est pas, comme je l'avais rêvé, un océan de sable à perte de vue ; une sorte de végétation lui est propre, rabougrie, grise plutôt que verte, déparant le tableau à un point de vue et ne l'embellissant à aucun ; le sol est ondulé, des oasis de palmiers se cachent souvent dans les plis du terrain, parfois ils ombragent des flaques d'eau jaunâtre, dont l'horrible saveur augmente encore la soif qu'aiguise sa vue."

extrait de Esquisses de voyages, par Claire-Octavie-Marie-Caroline de Saint-Mauris-Châtenois, marquise de Laubespin (1834 - ?). Pas d'informations biographiques disponibles sur cette auteure.