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samedi 24 octobre 2020

L'Égypte, "une terre d'élection pour le tourisme d'hiver" (Georges Zayed)

poster touristique des années 1930

"... notre industrie cinématographique n'a pas atteint le degré ni l'envergure qui conviennent au rôle qu'elle est appelée à jouer. On peut affirmer néanmoins, par suite des progrès déjà réalisés, que l'avenir lui réserve les plus belles perspectives. L'extraordinaire luminosité du ciel d'Égypte, qui permet des prises de vues impeccables, les décors naturels attirants qu'offre le pays, l'équipement moderne des studios, susceptible d’ailleurs d’un plus grand perfectionnement, sont autant de facteurs favorables au développement de notre production.
D'autre part, la multiplication des salles de cinéma, non seulement dans les grands centres urbains, mais dans les petites villes de province, nécessite une production plus abondante et plus variée, pour répondre aux goûts d'un public de jour en jour plus nombreux et plus exigeant. Le pays peut absorber un nombre beaucoup plus considérable de films égyptiens, à juger par celui des films américains et français qui y sont projetés.
L'extension du cinéma national est d'autant plus intéressante que celui-ci a des débouchés assurés dans tous les pays arabes, où nos films sont particulièrement recherchés et goûtés. Il y aurait naturellement avantage à tourner les films en deux langues ou plus, de façon à les rendre accessibles au public étranger et à permettre leur diffusion en Europe. Les films égyptiens projetés dernièrement au festival de Cannes ont emporté tous les suffrages. Il faudrait aussi que nos producteurs tiennent compte des goûts différents des pays auxquels sont destinées les versions et au besoin en sacrifier certains côtés pour les dépouiller de leur caractère trop typiquement égyptien.
Le Caire pourrait ainsi devenir le Hollywood de tout l'Orient et notre cinéma pourrait avoir un immense rayonnement dans le monde arabe et même forcer les frontières occidentales où il sera pour l'Égypte la meilleure propagande.

Cette propagande aura pour effet d'attirer dans le pays un plus grand nombre de touristes et par suite de favoriser certaines manifestations de la vie économique.
De tout temps, l'Orient a excité la curiosité des peuples occidentaux. Terre de soleil et de lumière, de nuits diaphanes et de clairs de lune parfumés, terre de mirage et de volupté, il nourrit de rêves d'or leur imagination. Parmi tous les pays d'Orient, c'est surtout à l'Egypte que va leur sympathie.
La Vallée du Nil, en plus de son cachet oriental, possède d'incontestables charmes. Par ses beautés naturelles, la grandeur de ses monuments antiques, la salubrité et la douceur de son climat, la majesté de son fleuve et l'hospitalité native de ses habitants, c'est une terre d'élection pour le tourisme d'hiver.
Cependant l'État ne sait pas exploiter ces avantages de façon à en tirer le plus de profit. Le tourisme est une source importante de revenus pour le pays et par conséquent mérite tous les soins du Gouvernement. Deux au trois millions de livres égyptiennes sont en effet dépensés annuellement par les touristes, dont le nombre a varié de 14.000, avant 1914, à 20.000, en 1930 (maximum: 20.500, en 1928-29).
Longtemps la propagande touristique a été complètement négligée et se réduisait à celle, muette, de nos monuments antiques. En 1912, cependant, sous l'impulsion éclairée du Prince Fouad, dont l'initiative s'est fait sentir dans tous les domaines, l'Association Égyptienne de Propagande prit naissance. Son but était de faire connaître l'Égypte à l'étranger par tous les moyens publicitaires, de faciliter aux touristes la visite du pays et leur rendre le séjour attrayant, en un mot d'étudier toutes les conditions susceptibles de favoriser le tourisme. Faute de fonds et de subventions adéquates (à peine L.E. 8.000) cet organisme n'a pas produit les effets escomptés. 
Maintenant que la guerre est finie, il est probable, dès que la période de reconstruction sera terminée, que le tourisme reprendra sur une vaste échelle. Aussi faut-il mettre tout en œuvre pour le développer par une publicité intensive : journaux, revues, réclame lumineuse... Le cinéma, ce pilier de la publicité moderne, y prêterait son précieux concours. Les légations d'Égypte à l'étranger offriraient la collaboration la plus efficace. Plus de 200.000 touristes pourraient facilement venir chaque année dans notre pays et y laisser vingt ou trente millions de livres.
Attirer les touristes n'est qu'un premier pas, les y garder le plus longtemps possible est plus important. Cela ne se limite pas à leur réception courtoise, mais comporte une foule de mesures d'ordres économique, social, artistique et intellectuel. Il est de première importance de simplifier les formalités portuaires, visas des passeports, inspection des bagages, etc. La traversée de notre douane est particulièrement pénible pour les étrangers, la faciliter serait un grand soulagement, non seulement pour les étrangers, mais aussi pour les Égyptiens eux-mêmes.
À l'intérieur, les sociétés d'hôtels, les bateaux fluviaux ont, il est vrai, une organisation de premier ordre et offrent aux voyageurs tout le confort et l'agrément possibles, mais leurs tarifs ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
De plus, le pays, en dehors de ses monuments pharaoniques et de la beauté de ses paysages, offre peu d’agréments aux touristes, habitués à des divertissements plus raffinés et moins froidement contemplatifs. Une fois la visite des monuments terminée, ils se hâtent de repartir et réduisent ainsi leur séjour au minimum. La création de centres d'attractions dans les villes les plus fréquentées, la construction de bonnes routes dans ces régions, l'amélioration des moyens de communication auront les meilleurs résultats sur le développement du tourisme et par suite d'heureuses répercussions sur notre économie nationale."



extrait de Égypte terre d'espoir, 1947, par Georges Zayed, docteur ès lettres, maître de conférences à la Faculté de commerce de l'Université Farouk Ier du Caire, spécialiste de l'œuvre de Verlaine.