La haute Égypte, la Thébaïde des anciens, charme l'oeil par la richesse de ses ruines, par les souvenirs qu'elle évoque. À chaque pas l'on rencontre les restes de ces grands monuments, chefs-d'œuvre d'architecture, avec leur caractère imposant et leurs sculptures emblématiques.
Thèbes, cette ancienne et superbe cité, bâtie elle-même sur des ruines si anciennes qu'elles remontent à... qui jamais pourra le dire ? peut-être un jour quelques débris de monuments, quelques pierres sorties du sable, l'indiqueront-elles à nos savants.
Thèbes, chantée par Homère, et qui après vingt-quatre siècles de désolation conserve encore des ruines si grandiosement belles que l'on s'arrête devant elles saisi d'une admiration et d'une émotion indéfinissables.
Elle était la capitale religieuse et politique de l'Égypte, et aussi la ville commerciale la plus riche du royaume. C'est dans cette toute royale cité, dit Homère, qu'étaient entassées toutes les richesses de l'Orient.
Aussi rien n'égalait sa splendeur. Diodore de Sicile, qui l'avait visitée l'an 67 avant Jésus-Christ, nous dit que les fondateurs de Thèbes en avaient fait la ville la plus grande du monde entier ; que ses temples aussi bien que ses autres monuments étaient magnifiques, que les maisons des particuliers s'élevaient jusqu'à quatre et cinq étages, que rien n'égalait la beauté des statues en or, en argent, en ivoire, que l'on y voyait, ainsi que celle des obélisques monolithes que l'on y remarquait, et que quatre temples se faisaient admirer surtout par leur magnificence, en premier celui de Karnak, qui n'avait pas moins de treize stades de pourtour.
Puis il nous parle du fameux tombeau du roi Asymandgas, qui était une merveille.
C'est aussi Thèbes la superbe qui avait ces deux colosses monolithes dont l'un était cette fameuse statue parlante qui, aux premiers rayons du soleil, rendait un son doux et plaintif, statue dont on aperçoit encore aujourd'hui les débris.
Rien ne peut exprimer, la plume est impuissante à peindre, le coup d'œil que le regard charme embrasse du haut de cette colline d'Abd-el-Kournah, qui se trouve près de Louksor. À ses pieds, l'on voit l'immense plaine où sont amoncelées les ruines de cette Thèbes aux cents portes, qui n'avait pas moins, nous dit Diodore de Sicile, de 140 stades (24 kilomètres) de circonférence. On aperçoit le Nil qui, comme un large ruban argenté, coule du sud-ouest au nord-est, et qui, partagé en plusieurs canaux par quatre îles vertes et coquettes, est du plus joli effet.
Une double chaîne de hauteurs enveloppe la plaine à droite et à gauche et lui fait comme un rempart naturel.
On reste là, ému et impressionné, à considérer ce qui reste de cette splendeur passée, et l'on se complaît à rebâtir par ce grand architecte, l'imagination, Thèbes telle qu'elle était.
Je le répète, la haute Égypte a un charme, un attrait tout particuliers, à cause des vrais chefs-d'oeuvre que l'on rencontre à chaque pas.
Elle vit sur son passé. Sa gloire a été si grande que pendant bien des siècles encore elle rejaillira sur elle, quoique à présent elle ne soit plus qu'une misérable bourgade."
extrait de Les mystères de l'Égypte dévoilés, par Olympe Audouard (1832-1890), écrivaine voyageuse féministe française
Elle vit sur son passé. Sa gloire a été si grande que pendant bien des siècles encore elle rejaillira sur elle, quoique à présent elle ne soit plus qu'une misérable bourgade."
extrait de Les mystères de l'Égypte dévoilés, par Olympe Audouard (1832-1890), écrivaine voyageuse féministe française
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