C'est une belle chose que cette pléiade de jeunes savants français qui se sont partagé la tâche de ressusciter la vieille Égypte. Éparpillés tout le long du Nil et dociles tous à la même méthode prudente et scientifique, ils relèvent les temples, ils délivrent les statues, ils déchiffrent les inscriptions et les papyrus où, depuis des siècles, dormait le secret d'une civilisation prodigieuse, le mystère des origines. L'œuvre qu'ils ont assumée les occupe absolument. Séparés de tout le reste de la vie, seuls durant des mois et des mois, loin des plaisirs et des commodités de l'existence, ils sont pareils à des moines laborieux. Ils sont pareils aux solitaires de l'ancienne Thébaïde, pour l'abnégation, le dévouement à une pensée, la puissance de rêve et le détachement de tout ce qui n'est pas leur unique résolution. Ils demeurent dans des cabanes et ils se nourrissent n'importe comment. Mais ils sont gais et heureux, parce que leur besogne est belle et que la joie de découvrir est la plus belle joie d'ici-bas.
Après qu'ils ont dégagé du sable séculaire les anciennes architectures, ces colonnes et ces murailles devenues débiles et qui ont perdu leur soutien, comme étonnées de ne plus s'appuyer sur la funèbre alluvion, menacent ruine. Et il les faut affermir de nouveau sur leurs bases consolidées. Nos égyptologues font un travail d'érudits, d'ingénieurs et d'architectes. Sur tous les points de leur immense chantier, le succès fut le même, complet.
Un temple, une maison et puis le désert tout autour, c'est Médinet-Habou. La maison, la seule de l'endroit, est celle qu'habitait, avec sa femme et ses enfants, M. Daressy. Une vraie maison, d'ailleurs, plus confortable que la cahute de Legrain. Mme Daressy, - une Alsacienne, je crois, - était une femme excellente, qui s'occupait des malheureux fellahs, les soignait et cherchait tous les moyens d'améliorer leur sort. Elle était leur providence ; et ils avaient pour elle une sorte de dévot respect."
L'auteur reproduit ici les souvenirs et propos du peintre Georges Clairin (1843-1919) qui visita la Haute-Égypte en 1895, louant un bateau avec son vieil ami Camille Saint-Saëns.
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