œuvre de Charles Vacher (1818–1883), aquarelliste britannique |
Tout le monde remarque et admire l'entassement de pierres qui fait de Karnak, vu d'un certain côté, le monument le plus pittoresque de l'Égypte. Ces ruines se sont-elles amoncelées sous l'effort de quelque tremblement de terre ? La destruction de Karnak est-elle l'effet du passage de Ptolémée Lathyre, et du sac impitoyable auquel ce prince livra Thèbes, après un siège de plusieurs mois ? Ne serait-ce pas plutôt le résultat de la mauvaise construction du temple et de sa position par rapport au Nil ? Peut-être sera-t-il sage d'adopter cette dernière opinion. Les temples pharaoniques sont, en effet, généralement bâtis avec une négligence extrême. Le pylône de l'ouest, par exemple, ne s'est effondré que parce qu'il était creux et que dès lors l'inclinaison des murs, loin d'être un moyen de solidité, n'a plus été qu'une cause de chute. Notons en outre que, plus que tous les autres temples égyptiens, Karnak est atteint chaque année, depuis longtemps, par les infiltrations du Nil dont les eaux saturées de nitre corrodent le grès.
Le temple de Karnak a donc subi les injures du temps à un point que les autres temples ne connaissent point par la négligence de ses constructeurs et surtout par sa position relativement au Nil, et les mêmes causes produisant incessamment les mêmes effets, on peut prévoir le temps où, d'éboulements en éboulements, la magnifique salle hypostyle, par exemple, verra céder sous un dernier effort la base de ses colonnes déjà rongée plus qu'aux trois quarts et s'abattra sur elle-même, comme se sont abattues les colonnes de la grande cour de l'ouest."
extraits de Itinéraire des Invités aux fêtes d'inauguration du Canal de Suez qui séjournent au Caire et font le voyage du Nil, 1869
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