lundi 4 mai 2020

Alexandrie, le "coin de paradis perdu", par le chanteur Georges Moustaki


Je vous chante ma nostalgie
Ne riez pas si je rougis
Mes souvenirs n'ont pas vieilli
J'ai toujours le mal du pays 
Que je vis loin d'où je suis né
Ça fait pourtant vingt-cinq années
Le parfum, les odeurs, les cris
Vingt-cinq hivers que je remue
Dans ma mémoire encore émue
Où mon enfance a disparu
De la cité d'Alexandrie 
Le soleil qui brûlait les rues
L'oignon cru et le plat de fèves
Le chant, la prière à cinq heures
La paix qui nous montait au cœur
Et le temps de philosopher
Nous semblaient un festin de rêve 
La pipe à eau dans les cafés
Avec les vieux, les fous, les sages
Tous compagnons du même bord
Et les étrangers de passage
Arabes, Grecs, Juifs, Italiens,
Tous bons Méditerranéens
L'amour et la folie d'abord
C'était plus doux, c'était plus bref
Je veux chanter pour tous ceux qui
Ne m'appelaient pas Moustaki
On m'appelait Joe ou Joseph
Amis des rues ou du lycée
Amis du joli temps passé
Que mon enfance m'a quitté
Nos femmes étaient des gamines
Nos amours étaient clandestines
On apprenait à s'embrasser
On n'en savait jamais assez
Ça fait presque une éternité
Pardonnez-moi si je radote
Elle revient comme un fantôme
Elle me ramène en son royaume
Comme si rien n'avait changé
Et que le temps s'était figé
Elle ramène mes seize ans 
Elle me les remet au présent
Son petit jardin défendu
Je n'ai pas trouvé l'antidote
Pour guérir de ma nostalgie
Ne riez pas si je rougis
On me comprendra, j'en suis sûr
Chacun de nous a sa blessure 
Son coin de paradis perdu
Le mien s'appelle Alexandrie
Et c'est là-bas, loin de Paris

(par Georges Moustaki  
né le 3 mai 1934 à Alexandrie
mort le 23 mai 2013 à Nice)
auteur compositeur interprète
d'origine italo-grecque, naturalisé français en 1985) 

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