photo d'Émile Béchard, actif dans les années 1869-1880 au Caire |
Ceux-ci sont, à mon humble avis, ce qu'il y a de plus intéressant et de plus merveilleux dans toute l'Égypte, et je n'oublierai jamais l'impression que je ressentis en les visitant.
Accompagné de M. Quibell, un charmant Écossais, inspecteur général des antiquités, je quittai le Ramsès un matin de très bonne heure, par un temps ensoleillé et délicieux. Nous traversâmes le Nil à la voile, puis, enfourchant les baudets qui nous attendaient, nous galopâmes pendant trois quarts d'heure environ à travers les champs cultivés et fertiles, avant d'arriver à l'entrée de la vallée des Rois, vallée étroite et encaissée entre de hauts rochers jaunes et arides. Le contraste entre la campagne pleine de vie que nous quittions et, sans transition presque, ce chemin de la mort où pas un oiseau, pas un insecte, pas l'ombre d'un être animé n'est visible, est frappant. Oui, c'est bien là le chemin de !a Mort, la vallée du Néant, au bout de laquelle on trouve les tombeaux éventrés des monarques puissants qui, voulant dormir tranquille leur dernier sommeil, avaient fait creuser tout là-bas et tout là-haut, dans le flanc de la montagne aride, les caveaux merveilleux, sculptés, peints, ciselés, qui devaient abriter leur dépouille mortelle.
Ah ! vanité royale qui voulus être enterrée avec tes bijoux, tes pierreries, tes ivoires, tes meubles dorés, tu ne compris pas que le jour viendrait où tes prêtres, qui défendaient l'entrée de tes tombeaux, disparaîtraient, où ton peuple s'éteindrait et où les brigands à l'affût du riche butin briseraient les portes, démoliraient les murs, crèveraient les cercueils pour leur arracher jusqu'à la momie royale ? Et c'est ce qui arriva. D'après M. Maspéro, quelque 966 ans avant Jésus-Christ, les voleurs étaient devenus si puissants, pouvaient si facilement défier le gouvernement et avaient déjà violé tant de tombes royales, qu'Aauputh, fils de Shashank, se décida à les faire toutes ouvrir et à transporter les cercueils royaux dans un seul et énorme caveau, où ils furent découverts d'une façon bien inattendue quelque trente siècles plus tard. (...)
Même dépourvus des restes mortuaires, des meubles et des ustensiles qui les ornaient, les tombeaux des rois sont encore d'un intérêt extraordinaire. Les sculptures et les bas-reliefs sont admirablement conservés, et quantité de peintures sont, après tant de siècles, d'une fraîcheur et d'une vivacité incroyables.
Sur les cinquante tombes royales dont les historiens nous parlent, une quarantaine ont, je crois, été retrouvées et sont aujourd'hui ouvertes au public. Elles sont toutes taillées à même le roc et sont composées de longs couloirs conduisant à de vastes chambres, dont la dernière, contenant le sépulcre, est éloignée de 100 à 160 mètres de l'entrée.
Pour les anciens Égyptiens, leur tombeau n'était pas simplement un cercueil enfoui dans un trou, mais un vaste appartement, admirablement orné et décoré par les plus grands peintres et sculpteurs de l'époque, et dans lequel le mort pouvait se promener à son aise et jouir des conforts qui lui étaient connus. Nous trouvons donc sur les murs et sur les colonnes des scènes admirablement rendues de leur vie réelle et de leur vie future, telle qu'ils se l'imaginaient."
extrait de La nouvelle Égypte (1905), par Amédée Baillot de Guerville (1868-1913). Né en France, il émigra aux États-Unis en 1887, où il effectua toute sa carrière de journaliste et agent commercial.
Pour les anciens Égyptiens, leur tombeau n'était pas simplement un cercueil enfoui dans un trou, mais un vaste appartement, admirablement orné et décoré par les plus grands peintres et sculpteurs de l'époque, et dans lequel le mort pouvait se promener à son aise et jouir des conforts qui lui étaient connus. Nous trouvons donc sur les murs et sur les colonnes des scènes admirablement rendues de leur vie réelle et de leur vie future, telle qu'ils se l'imaginaient."
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