Dont cent portes perçaient l'enceinte,
Ô toi qui détrônas Memphis !
Terre en héros longtemps féconde,
Qui lançais à travers le monde
Le flot débordant de tes fils !
Tes rois, de l'Éthiopie ingrate
Aux bords fortunés de l'Euphrate,
Planaient, aigles victorieux.
Que de fleurons à ta couronne !
Dans le passé ton nom résonne
De tons les fracas glorieux !
Maintenant de débris sans nombre
Ton immense ruine encombre
Du désert le sable doré.
Vide et muette, tu contemples
La grande image de tes temples
Que reflète le Nil sacré.
Oh ! combien ont compté d'aurores
Tes colosses aux flancs sonores,
Quand à l'Orient radieux,
Le gai soleil, dardant sa flamme,
Sous ses baisers éveillait l'âme
De tes granits mélodieux !
J'aime ces formidables bornes
Qui dressent dans les plaines mornes
Leur front par la foudre ébréché.
Là, le soir, vient le vautour chauve
Qui ferme sa prunelle fauve
Et l'aile basse dort perché.
C'est la tombe ; et pourtant il semble
Que l'air vibre, que le sol tremble.
Tant de gloire ébranla ces lieux !
Tu triomphes dans ta défaite,
Thèbes, et ta poussière est faite
De héros, de rois et de dieux !"
extrait de Thèbes, hymne et chanson, 1877, par Lucien Augé de Lassus (1841-1914), auteur dramatique, poète, librettiste de Camille de Saint-Saëns, archéologue, passionné de voyages.
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