Le Nil qui fertilise un sable limoneux
Quand Sirius l'embrase avec des traits de feux ?
Ô fleuve paternel ! quelle terre secrète
Cache ton front modeste et ta source discrète ?
Le sol industrieux, qui boit les flots errants,
Ne réclame jamais les célestes torrents,
Et jamais ne verra la suppliante Flore
Mourir, en invoquant les larmes de l'Aurore.
La jeunesse sauvage, en pleurs auprès d'Apis,
Te chante et te révère à l'égal d'Osiris,
Du puissant Osiris, dont l'heureuse industrie
Du soc agriculteur enrichit sa patrie ;
Sollicita la terre inculte et vierge encor,
Des germes dans son sein déposa le trésor,
Et d'arbres inconnus recueillit les prémices.
L'homme des champs, instruit sous ses heureux auspices,
Unit la jeune vigne aux tiges des ormeaux ;
La serpe fait la guerre au luxe des rameaux ;
Le pied du vendangeur frappe et brise la grappe,
Et le vin, en grondant, cède, écume et s'échappe,
Bacchus enseigne alors les chants mélodieux,
La danse, que dirige un luth harmonieux :
L’avide laboureur à la fatigue en proie,
Dans sa coupe profonde à longs traits boit la joie,
Et malheureux, l’oubli de ses tristes revers
Est esclave en buvant, est sourd au bruit des fers.
Osiris, près de toi plus de soins, de tristesse :
Mais les chants, les amours t'accompagnent sans cesse ;
Mais les festons de fleurs et le lierre aux longs bras,
La pourpre de Sidon flottante sur tes pas,
La corbeille sacrée et les flûtes légères :
Voilà les attributs de tes secrets mystères.
Osiris, montre-toi ; que Bacchus et les jeux
Célèbrent mon héros et son génie heureux.
De ses cheveux brillants qu'un parfum se répande ;
Qu'à son cou s'entrelace une molle guirlande.
Viens ! parais ! Déjà fume un encens solennel,
Et le miel à flots d'or coule sur ton autel."
extrait de l'Élégie VIII, du livre I des Élégies du poète romain Tibulle (vers 54 ou 50 av. J.-C. et mort en 19-18 av. J.-C.), dans laquelle l'auteur adresse un éloge à Messalla à l'occasion d'un anniversaire, en évoquant Osiris, dieu de l'Égypte dont Messalla fut le gouverneur, ainsi qu'Apis. Traduction en vers de Charles-Louis Mollevaut (1778-1814).
Cache ton front modeste et ta source discrète ?
Le sol industrieux, qui boit les flots errants,
Ne réclame jamais les célestes torrents,
Et jamais ne verra la suppliante Flore
Mourir, en invoquant les larmes de l'Aurore.
La jeunesse sauvage, en pleurs auprès d'Apis,
Te chante et te révère à l'égal d'Osiris,
Du puissant Osiris, dont l'heureuse industrie
Du soc agriculteur enrichit sa patrie ;
Sollicita la terre inculte et vierge encor,
Des germes dans son sein déposa le trésor,
Et d'arbres inconnus recueillit les prémices.
L'homme des champs, instruit sous ses heureux auspices,
Unit la jeune vigne aux tiges des ormeaux ;
La serpe fait la guerre au luxe des rameaux ;
Le pied du vendangeur frappe et brise la grappe,
Et le vin, en grondant, cède, écume et s'échappe,
Bacchus enseigne alors les chants mélodieux,
La danse, que dirige un luth harmonieux :
L’avide laboureur à la fatigue en proie,
Dans sa coupe profonde à longs traits boit la joie,
Et malheureux, l’oubli de ses tristes revers
Est esclave en buvant, est sourd au bruit des fers.
Osiris, près de toi plus de soins, de tristesse :
Mais les chants, les amours t'accompagnent sans cesse ;
Mais les festons de fleurs et le lierre aux longs bras,
La pourpre de Sidon flottante sur tes pas,
La corbeille sacrée et les flûtes légères :
Voilà les attributs de tes secrets mystères.
Osiris, montre-toi ; que Bacchus et les jeux
Célèbrent mon héros et son génie heureux.
De ses cheveux brillants qu'un parfum se répande ;
Qu'à son cou s'entrelace une molle guirlande.
Viens ! parais ! Déjà fume un encens solennel,
Et le miel à flots d'or coule sur ton autel."
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