Il est le père de l'Égypte et le secret de sa neuve espérance.
Il porta la barque des Pharaons, le berceau de Moïse, le bateau à vapeur, l'hydravion à moteur, et de lui jaillira, dans un avenir proche, l'inépuisable écoulement de la force électrique.
On connaît sa source depuis moins de cent ans. Il a fallu pour la découvrir, l'étudier et en tracer les premières cartes, soixante explorateurs appartenant à quatorze nations.
Il a été adoré et un proverbe dit : qui a goûté de son eau veut en boire encore.
Aucun fleuve n'a été autant aimé, vénéré, remercié. Aucun n'a exercé pareille fascination.
On le croyait tombé du firmament et les Anciens l'appelaient "fleuve du Paradis".
Au commencement des temps, dit la légende, la déesse Isis s'avança jusqu'à la barrière du ciel, s'y accouda et pencha la tête vers la terre. Ce qu'elle vit désola son cœur pitoyable. Partout du sable, des roches calcinées, l'immobilité de la mort.
Pas un arbre, pas une herbe, l'infinie nudité du désert.
Isis pleura. Ses larmes firent pleuvoir sur l'étendue désertique la rosée miraculeuse de la céleste miséricorde.
Ainsi naquit le Nil, artère qui relie le cœur obscur de l'Afrique à la transparence de la pensive Méditerranée."
Extrait de L'Égypte au coeur du monde, 1950, de Marcelle Capy, pseudonyme de Marcelle Marquès (1891-1962), journaliste, écrivaine, militante syndicaliste, pacifiste et féministe libertaire française, directrice de la Ligue des droits de l'homme
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