Akhenaton et Nefertiti, sous les rayons d'Aton, Disque du Soleil qui donne la vie Musée égyptien de Berlin |
Notre œil, s’il regarde trop longtemps, cesse de voir, se fatigue ; l’œil de l’Égyptien est infatigable, insatiable ; plus il regarde, plus il voit. L'homme s’étonne de tout comme au premier jour du monde et comme Dieu il dit à tout : "Oui, c’est vrai, c’est bien."
Dans la peinture et la sculpture qui ornent les murs des tombeaux de Tel-el-Amarna, le dieu Aton, Disque du Soleil, tend du ciel vers la terre de longs rayons droits et minces dont chacun se termine par une toute petite main enfantine. Ces mains caressent le corps nu du pharaon Akhenaton, "Joie du Soleil", de la reine, son épouse, et de ses six filles ; ou, donnant à leurs narines le souffle de la vie, elles tiennent de petites croix ansées, Ankh.
Sur une des sculptures funéraires, les doigts de ces mains enfantines touchent tendrement la taille du roi entre le ventre et la poitrine ; sur un autre, plus tendrement encore, ils enlacent le corps de la reine, se posent sous le sein droit, et derrière la tête, près de la nuque et sur le dos. Il y a, dans ces mains-rayons, la chaleur du soleil printanier, doux comme les caresses d’une mère. Et ce n’est pas en vain que le soleil vivifiant est représenté précisément là, dans la tombe, règne de la mort. Le mystère du soleil, c’est l’amour, et le mystère de l'amour, c’est la Résurrection : voilà la pensée la plus profonde de l'Égypte.
Le soleil est le cœur du monde ; sa chaleur est la bonté, sa lumière est la beauté. Dans le Soleil, beauté et bonté sont une seule et même chose.
Dans la langue égyptienne, ces deux notions si différentes pour nous s'expriment par un seul mot : nofert, et sont figurées dans l'écriture par un même hiéroglyphe : "Luth". L’essence du monde - nofert - c’est la musique, éternelle, la "beauté bonté".
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