jeudi 18 juillet 2019

La Vallée des Nobles, avec le guide Arthaud

photo Marie Grillot

“Après la visite de la Vallée des Rois, pénétrer dans ces tombes est presque un retour à la vie ! Le monde souterrain infernal et hiératique des tombes royales disparaît. Et pourtant, les scènes religieuses sont toujours en rapport avec le Livre des Morts : momification par Anubis, parution du Mort devant le tribunal d'Osiris et pesée de son cœur.
Parallèlement, l'artiste y évoque la vie terrestre du défunt entouré de sa famille et de ses serviteurs : banquets, musiciens et danseuses, récompenses décernées par le roi, pêche, chasse au désert… Nul ne montre un visage tragique mais au contraire une sérénité apaisante. Jamais épouse ou parente du mort ne fut plus belle ; son corps est paré d'une longue robe de lin plissée et transparente, laissant apparaître ses formes pleines et combien gracieuses, une longue perruque encadre le fin visage, de larges colliers floraux enserrent le cou gracile, et, sur la tête est posée le cône de graisse parfumée. Elle porte à sa narine ou à celle de son époux la fleur de lotus, celle de la renaissance dont le parfum et l'émanation du souffle divin.
Mais qu'on ne se leurre pas, il est un sens caché à ce rappel des gestes quotidiens de la vie terrestre : le défunt doit, même dans l'au-delà, assurer l'harmonie et l'équilibre cosmique incarné par la déesse Maât. La pêche au harpon des poissons ou de l'hippopotame dans les marais, le chasse au boomerang des oiseaux sauvages sont plus que de simples distractions. Le mort doit anéantir ces animaux sauvages incarnant le mal. Les champs moissonnés ne sont pas des champs ordinaires, mais ceux d'Osiris ou la campagne des "Bienheureux", et ce paradis se mérite. Le mort et sa femme parés de leurs plus beaux atours et dont les mains n'ont jamais touché la terre de leur vivant, ensemencent, fauchent, et moissonnent pour continuer le cycle annuel des saisons garantissant l'harmonie terrestre, passeport indispensable pour assurer la victoire sur le néant et une renaissance éternelle auprès d'Osiris.”
(Guide Arthaud, “Egypte”, 1997 - 1998)


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