vendredi 19 juillet 2019

Tell el-Amarna, avec Jean Leclant, Jean-Philippe Lauer et Arpag Mekhitarian


“Tell el-Amarna est un nom artificiel dérivé du village d’at-Till où est venue s'installer, au début du XVIIIe siècle, une tribu bédouine, les Bani ’Amrân. Cette appellation, réservée d’abord au site archéologique, a été définitivement consacrée, vers les années 1930, par la création d’une station de chemin de fer du même nom sur la rive gauche. Les archéologues l’abrègent encore en Amârna et parlent même d'art amarnien pour désigner le style de l'époque d’Aménophis IV-Akhenaton. Lorsque celui-ci se brouilla avec le clergé d’Amon et quitta l’antique Thèbes, il chercha à installer sa nouvelle capitale dans une région qui n’appartînt jusque-là à aucun dieu ni à aucune déesse.
Il choisit ce cirque de montagnes formant comme un arc de cercle, de près de 25 km. de longueur, qui touche au Nil par ses deux extrémités. Entre Cheikh Sa’îd au N.. et le village de Haouata au S.. il y a une douzaine de km. C'est sur les bords du fleuve que la cité, avec ses temples, ses palais, ses maisons et ses bureaux administratifs, fut bâtie en briques crues et en bois. Quant aux tombes, elles furent, comme dans la nécropole thébaine, creusées dans la montagne : elles sont groupées au N. et au S. d’un ouâdi (le Darb el-Malik) qui part vers l’E. conduisant à la tombe de la famille royale (aujourd’hui fermée au public). Deux autres ouâdis, el-Gebel l’un au N., l’autre au S., mènent à des carrières de calcaire et d’albâtre : celles du N., dites carrières de la reine Tiy, sont facilement accessibles ; celles du S.. exploitées dès le règne de Khéops et connues sous le nom de Hatnoub, sont situées au bout d’une vallée de 11 km. de longueur.
Le domaine qu'Aménophis IV-Akhenaton consacra au disque solaire, Aton, se trouvait en fait dans le nome d'Hermopolis. Le roi en délimita les frontières en gravant sur les rochers quatorze stèles dont onze se trouvent à Tell el- Amârna même et trois autres près de Tounah el-Gebel. Plusieurs de ces stèles, les plus belles, furent mutilées entre 1930 et 1934 dans un esprit de vengeance contre un des gardiens du site !
Akhetaton ou “Horizon du Disque”, nom égyptien de la ville du roi “hérétique”, eut une existence éphémère, une douzaine d’années : la hâte avec laquelle elle fut construite se manifeste un peu partout ; mais abandonnée presque aussitôt après la mort d’Aménophis IV-Akhenaton, elle nous est parvenue intacte et nous apporte ainsi l’unique témoignage d’envergure de l’urbanisme au temps des pharaons. Certes, pour le touriste, la visite de ruines en briques, ne dépassant pas un mètre de hauteur et souvent recouvertes de sable, est plutôt décevante ; mais, l’imagination aidant, il pourra se figurer l’animation qui régnait dans la cité au moment de sa splendeur : il sera aidé en cela par les représentations murales des tombes, dont l’iconographie anti-conventionnelle révèle le non-conformisme de Ia vie à Akhetaton. Rompant avec la tradition de rigidité de ses prédécesseurs, Akhenaton voulut, en effet, “démocratiser” les institutions, le culte religieux, les cérémonies royales et jusqu’à la langue officielle qu'il remplaça par le langage parlé. Le fameux hymne au soleil qu’il rédigea dans cette langue moderne, et dont plusieurs versions ont été gravées dans les tombes des nobles, est une des pages les plus lyriques de la littérature universelle.”
(extrait du Guide Nagel “Égypte”, 1969)

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