vendredi 19 juillet 2019

Le Musée égyptien du Caire, avec Gaston Maspero et le Guide National Geographic




“Le Musée égyptien du Caire est entièrement l'œuvre du Service des Antiquités, mais combien y en a-t-il parmi les visiteurs qui sachent comment il fut créé et l'histoire de ses années premières ? L'œuvre est là avec ses statues colossales, ses blocs de granit ou de schiste taillés en sarcophages, ses milliers d'objets rares et précieux, sans qu'ils soupçonnent le labeur immense qu'elle a exigé, ni l'effort de volonté presque surhumain qui a été déployé pour la maintenir et pour la continuer une fois fondée, dans un pays qui n'avait pas le respect de ses monuments et où les gouvernements ne commencèrent à s'inquiéter que fort tard de conserver les vestiges de leur passé glorieux.
Dès le XVIIe et le XVIIIe siècles, les cabinets de curiosités des souverains, et des riches particuliers renfermaient d'ordinaire quelques stèles, quelques statues de dimensions médiocres, des figurines de divinités, des fragments de papyrus, mais, de préférence, les objets qui caractérisent encore les civilisations du Nil aux yeux de la foule, des scarabées, des statuettes funéraires, des cercueils et des momies. Toutefois, on ne les y trouvait qu'en petit nombre, et la difficulté des transports ne permettait pas qu'on rapportât les morceaux lourds dont parlaient les rares voyageurs qui s'étaient aventurés jusqu à la première cataracte.
L'expédition de Bonaparte et l'avènement de Mohammed Aly rendant les ruines de Thèbes plus accessibles aux Européens, le goût des érudits et la mode se portèrent sur les choses de l'Égypte. Les consuls accrédités auprès du Pacha se firent antiquaires avec passion : ils obtinrent de lui des firmans qui les autorisaient à exploiter les nécropoles, et leurs agents, les Yanni, les Athanasi, les Rifaud leur expédièrent d'année en année de véritables cargaisons de monuments antiques. (...) Ce fut un pillage effréné qui dura plus de trente ans et contre lequel les savants ne se privèrent pas de protester. Champollion, qui vit les fouilleurs à la besogne de 1828 à 1830, mesura l'étendue du mal qu'ils faisaient et proposa le remède : dans un mémoire qu'il remit à Mohammed Aly en 1830, quelques jours avant son départ pour la France, il réclama l'établissement d'un service de conservation des antiquités de l'Égypte.
S'il eût été écouté, bien des édifices aujourd'hui détruits auraient été conservés à l'admiration et à l'étude, mais les consuls et les résidents étrangers, auxquels il enlevait le moyen de s'enrichir, le représentèrent comme un révolutionnaire dangereux, et le Pacha, qui tenait à ne pas les mécontenter, ensevelit le mémoire aux archives de l'État. Néanmoins, l'idée était entrée dans son cerveau : elle y germa et elle finit par éclore cinq ans plus tard.”
(extrait de “Guide du visiteur au Musée du Caire”, par Gaston Maspero, 1915)

“On peut dater la création du Musée égyptien du Caire de 1835, date à laquelle Méhémet-Ali décida de mettre fin au pillage des sites archéologiques en concevant le futur Service des antiquités ainsi que l’idée d’une collection permanente d'objets d’art dans la capitale. Pendant quelques années encore, jusqu’en 1858 environ, les premières collections d'objets se présentaient sous forme de dépôts disséminés dans différents édifices.
Ensuite, sous l'impulsion d’Auguste Mariette, le Service des antiquités destiné à
découvrir et à préserver les monuments antiques fut officiellement constitué.(...) Nommé directeur du Service des antiquités en 1858, Mariette réussit à faire transformer des locaux de l’ancienne compagnie fluviale, dans le quartier de Boulaq, pour créer le noyau du futur Musée égyptien du Caire, avant que les collections égyptiennes, qui ne cessaient de s'enrichir, pussent être conservées dans un lieu digne de les accueillir au cœur de la capitale.”
(extrait de l’introduction du guide National Geographic “Les trésors de l’Égypte ancienne au Musée égyptien du Caire”, 2001)

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