Comment tenter un inventaire et même un choix parmi les colosses de basalte et de granit, les Cynocéphales et les chacals géants, les vaches-déesses, les Knoums et les Anubis, les trônes emphatiques, les lits de parade et les chars de guerre, les sarcophages et les momies, les mobiliers retrouvés auprès de leurs dérisoires possesseurs, les statuettes, les groupes, les colliers, les insignes de la souveraineté, les couronnes, les pschents, les sceptres, les bracelets, les ors ciselés ou rehaussés, les bronzes, les terres cuites, les silex, qui emplissent les vestibules, les escaliers et les travées où nous avons erré une entière après-midi, nous laissant choir de fatigue et d'hébétude sur les sièges trop rares en ce panthéon de l’orgueil humain ?
Ce qui retient ici et pétrifie la pensée, ce n’est pas l’art plus ou moins accompli de ceux qui ont travaillé sculpté, gravé, incrusté les plus précieuses matières pour perpétuer l'image et la fore corporelle des pharaons ; c'est ce défi porté par la Puissance à la Durée, cette prétention de soustraire pour toujours une dépouille inerte à la destruction et de la dérober à l’indiscrétion des siècles en l’enfouissant dans les entrailles de la terre !
C’est à quoi je songe devant ces masques en or massif, ces effigies, ces coffres funéraires triples, par lesquels les Sésostris, les Rhamsés, les Aménophis, les Aménothès, les Khepern, les Thoutmosis, les Tout-Ankh-Amon ont cru éterniser, non leur seule mémoire, mais leur chair éphémère et leurs membres promis par les décrets immanents à l’universelle mutation ! Attestations imprescriptibles de ce Vouloir-vivre posthume affirmé ailleurs par leurs temples, leurs pyramides, leurs obélisques, par tout ce qu'ils ont insolemment planté dans la poussière mouvante des sables de leurs empires !
La tête pleine de ce que m'ont soufflé les voix du plus fabuleux passé, je vais me détendre, au sortir de cette instructive et suggestive visite, dans le petit parc de l’Ezbékiyeh, dont l'accès n’est public que moyennant une piastre de bon aloi. Il s’y trouve de grands arbres et l’on y voit d’étranges fleurs de ce pays-ci dont je serais bien en peine de dire les noms, et c’est en plein jour et en plein centre une délassante retraite. Je m'offre aussi l’agrément de me perdre un peu dans les vieilles rues à arcades où je débouche en quittant ces ombrages, et, quelques emplettes faites, vais prendre le dernier mot d'ordre en vue de notre départ de ce soir pour la Haute-Égypte."
La tête pleine de ce que m'ont soufflé les voix du plus fabuleux passé, je vais me détendre, au sortir de cette instructive et suggestive visite, dans le petit parc de l’Ezbékiyeh, dont l'accès n’est public que moyennant une piastre de bon aloi. Il s’y trouve de grands arbres et l’on y voit d’étranges fleurs de ce pays-ci dont je serais bien en peine de dire les noms, et c’est en plein jour et en plein centre une délassante retraite. Je m'offre aussi l’agrément de me perdre un peu dans les vieilles rues à arcades où je débouche en quittant ces ombrages, et, quelques emplettes faites, vais prendre le dernier mot d'ordre en vue de notre départ de ce soir pour la Haute-Égypte."
Aucune information précise sur cet auteur n'est à ma disposition. Peut-être s'agit-il d'un avocat, docteur en droit, ayant exercé à Marseille (1891-1914)...
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