Grosse Aquatinta-Ansicht von Jiri Döbler. Obelisken von Luxor zu Theben. Prag, Bohmanns Erben, 1827 |
"(...) hier je suis allé au Musée. J'ai payé, j'ai pénétré dans une sorte de vestibule polygonal, j'ai levé les yeux et j'ai reçu le coup. J'en étais groggy. Depuis le jour bien lointain où je suis entré pour la première fois au Musée des Antiques au Vatican, je n'avais rien encaissé de tel.
Je ne me doutais pas... Ce n'est pas à Athènes : c'est dans les musées d'Italie, d'Angleterre et de France qu'on se fait la meilleure idée de la beauté grecque ; mais il est impossible d'imaginer ce que c'est que l'art égyptien sans être venu ici - aussi impossible qu’il le serait de comprendre la boxe si l'on n'avait jamais vu de combat et qu'on n'eût assisté qu'à des assauts courtois.
J'avais vu les collections d’antiquités égyptiennes du Louvre, du British et du musée de Turin. Elles manquent, comme les boxeurs de salle, d’efficacité, elles en manquent nécessairement et par définition. Songez que, pour amener seulement chez nous ce petit obélisque de Louxor, il a fallu armer un navire tout exprès. En Europe, toute l'échelle intérieure de l’art égyptien est faussée ; en général, les objets qu'on y a transportés sont relativement petits et légers : cela modifie la moyenne et cela empêche qu’on éprouve d’abord cet étonnement qu'on a ici et qui justement est si efficace.
N’allez pas vous figurer que l'art égyptien est atteint de la maladie dite gigantisme. Car sa grandeur est parfaitement harmonieuse. On vit dans un monde aussi exactement rythmé et mesuré, quoique infiniment moins varié que le monde grec, mais où les êtres sont à une échelle supérieure à la nôtre, tels les dieux de l’Olympe. Et d’ailleurs, l’étonnement qu'on éprouve n’est pas causé par la dimension des œuvres, mais par le contraste entre leur perfection d’une part et, de l’autre, 1° leur masse ; 2° la dureté de leur matière. On songe à la durée qui leur était promise, à leur quasi-immortalité, aux difficultés vaincues... On est devant une sorte de miracle."
extrait de Au fil du Nil, 1933, par Jacques Boulenger (1879 - 1944), écrivain, critique littéraire et journaliste français.
N’allez pas vous figurer que l'art égyptien est atteint de la maladie dite gigantisme. Car sa grandeur est parfaitement harmonieuse. On vit dans un monde aussi exactement rythmé et mesuré, quoique infiniment moins varié que le monde grec, mais où les êtres sont à une échelle supérieure à la nôtre, tels les dieux de l’Olympe. Et d’ailleurs, l’étonnement qu'on éprouve n’est pas causé par la dimension des œuvres, mais par le contraste entre leur perfection d’une part et, de l’autre, 1° leur masse ; 2° la dureté de leur matière. On songe à la durée qui leur était promise, à leur quasi-immortalité, aux difficultés vaincues... On est devant une sorte de miracle."
extrait de Au fil du Nil, 1933, par Jacques Boulenger (1879 - 1944), écrivain, critique littéraire et journaliste français.
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