tombe de Sethi Ier (KV 17), par Jean-Pierre Dalbéra (Wikipédia) |
Ce que la science à peine née du déchiffrement des hiéroglyphes en a tiré, est immense. Que sera-ce quand plusieurs générations de savants se seront appliquées à l'étude de ces admirables ruines, de plus en plus fécondes à mesure qu'on les connaît mieux ? Aussi ne cesserons-nous de recommander aux visiteurs de la Haute-Égypte de s'abstenir de ces enfantillages qui consistent à écrire des noms sur des monuments. Qu'on visite l'intérieur du tombeau de Ti, à Saqqarah, et on verra que ce tombeau a plus souffert par la main des visiteurs depuis dix ans, que pendant les six mille ans de sa durée antérieure. L'admirable tombe de Séti Ier, à Babel-Molouk, est à peu près perdue, et c'est à peine si nous réussissons à obtenir que le mal ne devienne pas plus grand encore.
Je ne sais si M. Ampère, qui visitait l'Égypte en l844, n'a pas dépassé la mesure dans ces lignes que j'extrais de son journal de voyage. Mais je ne les transcris pas moins pour montrer à quels jugements s'exposent ceux qui, innocemment peut-être, gravent leur nom sur les monuments : "La première chose qui frappe en approchant du monument (la Colonne de Pompée), ce sont des noms propres tracés en caractères gigantesques par des voyageurs qui sont venus graver insolemment la mémoire de leur obscurité sur la colonne des siècles. Rien de plus niais que cette manie renouvelée des Grecs qui flétrit les monuments quand elle ne les dégrade pas. Souvent il a fallu des heures de patience pour tracer sur le granit ces majuscules qui le déshonorent. Comment peut-on se donner tant de peine pour apprendre à l'univers qu'un homme parfaitement inconnu a visité un monument, et que cet homme inconnu l'a mutilé ?" Je recommande la lecture de ces lignes au jeune voyageur américain qui, en 1870, a visité les ruines de la Haute-Égypte, un pot de goudron à la main, et a laissé sur tous les temples les traces indélébiles de son passage."
extrait de Itinéraire de la Haute-Égypte : Comprenant une description des monuments antiques des rives du Nil entre le Caire et la première cataracte, 1872, par Auguste Mariette-Bey
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