dessin de Georges Montbard |
Le flux et le reflux des invasions sont venus battre sa poitrine de pierre ; sans l'ébranler, le temps l'a oublié... et, depuis plus de six mille ans, le sombre visage du génie de l'Afrique continue à fixer l'Orient et à recevoir le baiser du matin d'Horus.
C'est l'aïeul, défiguré par des pygmées, de cette race muette de Titans, taillés sommairement dans le granit, avec des délicatesses étonnantes de ciseau, regardant passer les siècles, figés dans leurs poses raides.
C'est "le père de l'Épouvante" des Arabes, qui s'enfuient devant cette tête énorme surgissant de terre.
C'est enfin l'énigme monstrueuse de l'histoire de l'Égypte qui, au fur et à mesure qu'on cherche à en pénétrer le mystère, recule de plus en plus les bornes d'un passé historique, qui se perd toujours plus profondément dans la nuit des âges.
- N'était-il pas un symbole ? Ne personnifiait-il pas Horus ? demanda Jacques.
- Oui, pour les Égyptiens, c'était Har-Em-Kou, Horus dans le soleil brillant. Les Grecs l'appelaient Harmachis, Horus sur l'horizon, et aussi Agathodémon ; il symbolisait la victoire d'Horus sur Typhon, de la lumière sur les ténèbres, et personnifiait l'idée réduite à sa plus simple expression, mais hautement formulée de la résurrection. Il était enduit autrefois d'une couche de couleur rouge, dont il reste encore quelques traces. À l'époque de Chéops, on le restaurait, ce qui lui donne déjà à cette époque un âge assez respectable, mais on ne sait encore à qui en attribuer la fondation. Les fouilles qui ont lieu en ce moment donneront-elles le secret de l'énigme ? Y a-t-il autre chose entre les pattes du Sphinx que l'autel, le petit édicule et le lion découverts par le capitaine Caviglia au commencement du siècle, et le temple de granit trouvé par Mariette dans les environs ? C'est ce que l'avenir nous dira."
extrait de En Égypte - Notes et croquis d'un artiste, par Georges Montbard (1841-1905), pseudonyme de Charles Auguste Loye, caricaturiste, dessinateur, artiste peintre et aquafortiste français
Charles Auguste LOYE est plus doué pour le dessin que pour la pétrographie et la géologie. Comment peut-il écrire: "C'est l'aïeul, (défiguré par des pygmées), de cette race muette de Titans, taillés sommairement dans le granit, avec des délicatesses étonnantes de ciseau, regardant passer les siècles, figés dans leurs poses raides.", alors que le plateau de Gizeh est calcaire Eocène d'âge Lutétien (39 millions d'années)et que sa tête appartient à l'Auversien (voir la stratigraphie établie par Jean CUVILLIER en 1930), et que l'on observe distinctement les couches sur le visage comme sur le corps.
RépondreSupprimerVoir: http://pierre.crozat.free.fr sur Pyramidales.