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Champs d'Ialou - |
Les obélisques, les colosses, les stèles, les murs des temples et des palais, parlent constamment des souverains. Mais à mesure que le temps va, que les dynasties se succèdent, l'imitation, même grossière, de ce que firent ses prédécesseurs tente le pharaon régnant, et voici qu'avec une naïveté charmante, - le cas est fréquent, - le pharaon fait simplement graver sur le temple qu'il vient à peine d’édifier à sa propre mémoire, le récit textuel d’une victoire remportée par un autre pharaon, ou bien tel passage d’un poème disant les mérites d'un aïeul. On voit avec quels scrupules ces documents historiques doivent être consultés.
Les nécropoles, tout aussi bavardes, exigent moins de précautions. La mort y est véridique, généralement, un peu exagérée quelquefois, mais toujours sincère. C'est sa propre vie que "la momie" raconte, ou encore la vie qu’elle voudrait vivre "au delà de ce monde", et qui ne serait, et qui ne doit être que la continuation de sa "première vie" vécue sur les bords du Nil. Car les tombes ont cela de remarquable en Égypte, qu'alors même qu’elles représentent ou formulent des vœux, elles disent des réalités, les désirs des Égyptiens ne s'écartant jamais de la possibilité des choses, leurs rêves de bonheur les plus excessifs n’étant, presque sans exception, que la continuation idéale, heureuse, de leur existence actuelle.
Les villes des morts étaient nécessairement plus étendues que les villes des vivants. À Gizeh, les monuments funéraires, symétriquement bâtis, formaient des rues ; à Saqqarah il y avait moins d'ordre : des vides et des entassements, avec des pyramides isolées ou groupées, de hauteurs diverses, les unes de sept ou huit mètres, d’autres de cent cinquante. Les nécropoles de Memphis, d'Abydos et de Thèbes ont livré à l'histoire des quantités de documents. C’est par la lecture de ces documents bâtis qu’il a été possible d'apprendre, de constituer, d'écrire une histoire de l'Égypte."
extrait de Histoire universelle - Les Égyptes (de 5000 à 715 av. J.-C.), par Marius Fontane (1838-1914), historien, orientaliste et romancier français, membre de la Société de géographie
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