En effet, quand on approche du bassin dont elles hérissent la surface, et qu'on voit au loin les ruines colossales projetant leur ombre immense çà et là dans la plaine, qui se développe dans une étendue à peu près égale sur les deux rives du Nil, on se rappelle aussitôt les magnificences décrites par tant d'auteurs et d'historiens fameux.
Une douzaine de villages agglomérés remplaçant la brillante capitale des Pharaons, se sont formés de ses débris. Les plus remarquables sont Louqsor et Karnac sur la rive droite, et, sur la rive gauche, Medinet-Abou, Kournah, El-Beyrat, etc. Ces villages ne s'abritent pas sous des palmiers ou d'autres arbres, mais ils gisent à l'ombre de fûts solitaires, de colosses, de sphinx, de pylônes, de colonnades et d'obélisques, débris de merveilles encore à moitié debout et qui font rêver à la grandeur du peuple qui dort maintenant sous la poussière de la vallée.
Karnac fut l'un des plus beaux palais de Thèbes : ses ruines s'élèvent sur une éminence factice qui se dresse au centre d'une plaine cultivable d'au moins deux lieues de circuit. On est frappé tout d'abord de la grandeur imposante du tableau. Une longue avenue de sphinx, de pylônes, de propylées et d'obélisques, qui aboutissait au fleuve, saisit encore d'admiration et commande le respect. De ces prodiges de l'art, deux sphinx sont seuls debout, distants l'un de l'autre de quatre coudées, couchés, les jambes de devant étendues, celles de dessous repliées. Ils ont des têtes de béliers placées sur des corps de lions, avec une coiffure symbolique qui, couvrant la tête, retombe sur le dos et sur la poitrine.
Au bout de l'avenue des Sphinx se rencontre un pylône, dans un développement de trois cent quarante-huit pieds, sur une hauteur de cent trente-quatre. La porte avait soixante pieds d'élévation. C'est la plus grande construction de ce genre que l'on trouve en Égypte. (...)
Le prodige de Louqsor est au niveau de celui de Karnac. De quelque point qu'on y arrive, les ruines de cet autre palais dominent et s'estompent en gris sur le brillant ciel d'Égypte, comme une demeure de géant. (...)
Je ne parlerai ni du temple ni du palais de Medinet-Abou, non plus que du Memnonium ou Amenophium, et des autres magnificences de Thèbes.
Je rappellerai seulement qu'après la Thèbes des vivants, il y avait la Thèbes des morts, que l'on peut visiter encore. Pour arriver à ces hypogées, il faut gravir des sentiers étroits creusées dans le roc libyque.
Le nombre des galeries qui se présentent en tous sens est incalculable, mais leur intérieur est dans un horrible état de dévastation. Les momies ne sont plus à leur place ni dans leurs boîtes, mais elles jonchent le sol en tout sens. On marche sur elles, et comme le pied enfonce sur leurs débris, on éprouve quelque peine à le retirer. Il est difficile de séjourner dans ces hypogées, car l'air y est saturé d'exhalaisons bitumineuses. On trouve partout dans ces galeries funéraires des statuettes en granit, en bronze, en albâtre, en terre cuite, en bois peint et doré de petites images de momies, de figurines votives, d'images d'hommes d'animaux, de dieux, des lampes, des vases, des tubes, des boules percées."
extrait de Les merveilles de l'ancien monde et du nouveau : descriptions scientifiques, historiques et pittoresques de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique - 3e édition, 1880, par Auguste Baron (18..-19..?), auteur de récits de voyages
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