fragment d'inscription gravée - musée du Louvre (Paris) |
Orphée, le plus célèbre des poètes primitifs, alla étudier en Égypte la théologie, l'astronomie, la musique, la médecine, qu'il vint ensuite enseigner à ses compatriotes, encore à moitié sauvages. Homère parle de l'Égypte comme d'un pays de merveilles. Il fait de Protée le plus habile et le plus prudent de tous tes rois. Lycurgue et Solon apprirent des Égyptiens la science de la législation ; Thales, Anaximandre, Pythagore, Socrate et Platon, étudièrent la philosophie et les sciences de l'Égypte. Platon invoque fréquemment le témoignage des Égyptiens, qu'il proclame les maîtres et les modèles de tous les hommes.
La chronologie n'a offert jusqu'ici de dates bien certaines qu'à partir du VIIIe ou du IXe siècle avant l'ère vulgaire. (...) S'il existe quelque part dans l'histoire du monde les éléments d'une chronologie positive antérieure à Salomon et à Agamemnon, c'est chez les Égyptiens qu'ils doivent se trouver.
"Les Égyptiens, dit Hérodote, sont de tous les hommes ceux qui conservent le plus fidèlement le souvenir des anciens temps." Quand un prodige a lieu, ils s'empressent de l'écrire ; et si, dans la suite, un phénomène analogue arrive, ils jugent par induction qu'il aura le même résultat. Les prêtres égyptiens énumèrent, d'après son livre, trois cent trente rois depuis Menés, le fondateur de la monarchie.
Manéthon atteste l'existence de tables chronologiques remontant sans interruption jusqu'à Menés, et indiquant avec la plus scrupuleuse exactitude les noms, l'âge, les actions des rois et la durée de leurs règnes exprimée par années, mois et jours.
Tandis que les prêtres consignaient l'histoire d'Égypte sur le papyrus, les rois la faisaient graver sur les murs des édifices. Les monuments égyptiens sont des pages d'histoire ; leurs parois, bigarrées d'hiéroglyphes, racontent les faits et gestes des Pharaons. Chaque génération qui passait sur cette terre antique y écrivait son histoire sur des palais, sur des tombeaux composés de matériaux indestructibles.
Les Grecs étaient trop amoureux de l'élégance des formes pour élever des constructions durables ; les Chinois n'ont point d'architecture ; les Indiens n'ont point de constructions bien anciennes ; les Babyloniens ne bâtissaient qu'en briques ; dans le nord de l'Europe, les constructions périssent par l'effet du froid et de l'humidité ; dans le sud, ils disparaissent sous les efforts d'une végétation trop active.
L'Égypte, avec ses carrières de granit, avec sa température sèche et son sol inaccessible à la flore luxuriante de la zone moyenne, semblait prédestinée par la nature à être la fidèle conservatrice des plus anciens documents de l'histoire des hommes. Les hypogées de Thèbes et de Memphis nous ont, après cinquante siècles, rendu les manuscrits déposés dans leur sein aussi intacts que le jour où ils leur avaient été confiés."
extrait de L'Égypte en 1858, par Louis Delâtre (1815-1893), homme de lettres, orientaliste français
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