Karnak, photo de Pascal Sébah |
Mais de même que le temple fermé à la foule n'était accessible qu'aux Pharaons et aux prêtres, de même les manuscrits qui étaient sculptés sur les parois, les plafonds et les colonnes, ne devaient être intelligibles que pour un très petit nombre d'initiés. Or ce mélange d'obscurité et de lumière est d'autant plus remarquable que l'Égypte a été prodigue de son histoire. Aucun peuple n'a été plus jaloux de se raconter, ni plus désireux en apparence de n'être pas compris. Aucun n'a été aussi avide de gloire avec un tel amour pour le mystère.
Non contente d'employer l'écriture à faire connaître aux générations de l'avenir ses croyances, sa religion, ses rites, ses cérémonies, ses combats et ses victoires, et jusqu'à l'intimité de ses usages domestiques, l'Égypte se fit de l'art une seconde écriture, et, gravant ses annales dans le calcaire, le granit ou le porphyre, elle traduisit en images visibles et tangibles ce que rendait obscur cette langue écrite dont le nom, durant tant de siècles, a été synonyme d'indéchiffrable. Chose inouïe, ce qui sert, dans tous les pays du monde, à manifester l'idée, servait ici à la voiler ou à l'obscurcir.
Cependant il devait venir un jour - ce jour est venu dans notre siècle - où un homme de génie percerait les ténèbres qui enveloppaient le passé de l'Égypte et, faisant parler ces figures si longtemps muettes, expliquerait aux Égyptiens eux-mêmes les pensées et les récits de leurs ancêtres."
extrait de Voyage de la Haute-Égypte : observations sur les arts égyptien et arabe, par Charles Blanc (1813-1882), historien, critique d'art et graveur français, membre de l'Académie des beaux-arts et membre de l'Académie française
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