illustration de Georges Ebers, in L'Égypte, 1883 |
Malgré l'immense étendue de cette ville et la haute antiquité à laquelle elle remonte, nonobstant toutes les vicissitudes des divers gouvernements dont elle a successivement subi le joug, quelques efforts que différents peuples aient faits pour l'anéantir, en en faisant disparaître jusqu'aux moindres vestiges, effaçant jusqu'à ses plus légères traces, transportant ailleurs les pierres et les matériaux dont elle était construite, dévastant ses édifices, mutilant les figures qui en faisaient l'ornement ; enfin, en dépit de ce que quatre mille ans et plus ont dû ajouter à tant de causes de destruction, ses ruines offrent encore aux yeux des spectateurs une réunion de merveilles qui confond l'intelligence, et que l'homme le plus éloquent entreprendrait inutilement de décrire. Plus on la considère, plus on sent augmenter l'admiration qu'elle inspire ; et chaque nouveau coup d'oeil que l'on donne à ses ruines, est une nouvelle cause de ravissement. À peine a-t-elle fait naître une idée dans l'âme du spectateur, qu'elle lui suggère une idée encore plus admirable ; et quand on croit en avoir acquis une connaissance parfaite, elle vous convainc au même instant que ce que vous aviez conçu est encore bien au-dessous de la vérité."
extrait de Relation de l'Égypte, traduit de l’arabe par Silvestre de Sacy, 1810, de Muwaffaq al-Dîn ʻAbd al-Laṭîf al-Baghdâdî (1162 - 1231), médecin et historien arabe de Bagdad, ayant enseigné, durant quelques années, la philosophie et la médecine au Caire.
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