tableau d' Eugène Fromentin (1820-1876) |
C'est en Égypte qu'il faudrait avoir le pinceau magique d'un peintre pour fixer les tons multiples qui se mêlent et se succèdent, très accusés, merveilleusement fondus, sous un immense jeu de lumière. Depuis le moment où le soleil éclate tout à coup à la limite du ciel, précédé par une lueur rose, jusqu'à son coucher triomphal, quelle variété de nuances ! Les collines de l'est et de l'ouest, avec leurs flancs rocheux, sont tour à tour dorées, jaunâtres, rouges, pourpres même, puis violacées, gris pâle, presque transparentes, enfin nébuleuses. Les voyageurs le répètent à l'envi. Toutefois, en été, lorsque le ciel est une fournaise surchauffée, lorsque la lumière aveuglante “se déverse en cuillerées de plomb fondu”, il faut être un artiste, un Fromentin par exemple, pour ne pas soupirer après des régions plus tempérées, après les montagnes de Provence et des Alpes, au risque, si l'on part, d'avoir la nostalgie de la lumière. Je ne sais plus quel voyageur disait qu'à ses yeux éblouis de l'Orient les rochers d'Italie semblaient moisis. Pour admirer Siout, il faut s'en éloigner. La ville fait grand effet sous la molle clarté des étoiles. Ses minarets gris ressortent sur un fond noir de palmes."
extrait de L’Égypte monumentale et pittoresque, 1922, par Camille Lagier (1855-1936), ancien professeur au Caire
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