photo de Gabriel Lekegian |
En approchant des ruines, il me semblait que j'entrais dans une ancienne ville de géants, qui n'avaient laissé que ces temples pour donner à la postérité une preuve de leur existence. Ces longues propylées décorées de deux obélisques et de statues colossales, cette forêt de colonnes énormes, ce grand nombre de salles qui environnent le sanctuaire, ces beaux ornements qui couvrent de tous côtés les murs et les colonnes, et qui ont été décrits par M. Hamilton ; tout cela est un sujet de stupeur pour l'Européen conduit au milieu de ces débris immenses, qui, au nord de Thèbes, dominent, comme de vieilles tours, un bois de palmiers. Des restes de temples, des colonnes, des colosses, des sphinx , des portails, enfin des débris d'architecture et de sculpture sans nombre, couvrent le sol à perte de vue. Leur variété infinie décourage le voyageur qui voudrait en décrire l'ensemble.
Sur le bord occidental même du Nil, ces antiques merveilles se prolongent sur un espace considérable. De ce côté, les temples de Gournah, Memnonium et Medinet-Abou, attestent, par le grandiose de leur architecture, qu'ils ont fait partie de la grande cité, à laquelle ont appartenu aussi ces belles figures colossales qui sont encore debout dans les plaines de Thèbes, ces tombes nombreuses, taillées dans le roc, et celles de la grande vallée des rois, décorées de peintures et sculptures, et renfermant des sarcophages et des momies.
Une réflexion frappe l'étranger au milieu de cette cité déserte : comment se fait-il qu'un peuple, qui semble avoir bâti pour l'éternité, ait disparu de la terre sans laisser à la postérité le secret de sa langue et de son écriture ?"
extrait de Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, par Giovanni Battista Belzoni (1778 - 1823), explorateur et égyptologue italien, surnommé "le merveilleux géant de Padoue"
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