aquarelle de Riou |
"Le lendemain dès huit heures du matin, l’Impératrice monte à cheval, escortée d’une élégante cavalcade, elle s’élance dans la direction d’El-Guisr. Le prince Hussein-Pacha suit en voiture. Après avoir visité le seuil et le chalet du vice -roi, elle redescend vers Ismaïlia ; mais, cette fois, bravant une fatigue inconnue, elle est à dos de dromadaire. La bête, son long cou tendu vers le sol, fend l’air avec rapidité, laissant à peine aux Bédouins épars le temps d’admirer au passage l’étrange et charmante amazone.
Vers deux heures, l’empereur d’Autriche, le prince et la princesse des Pays-Bas mettent pied à terre à leur tour et rejoignent l’Impératrice au nouveau palais du khédive. Une foule immense d’étrangers et d’indigènes se presse aux abords du palais.
Au moment où les augustes personnages prennent place dans les voitures de la cour pour faire une promenade dans la ville, les cheiks exécutent une fantasia. Montés sur leurs chevaux ou juchés sur leurs méharis, les hardis enfants du désert font galoper et bondir sous eux leurs bêtes, les précipitent en avant, les enlèvent et d’un frein nerveux les rejettent brusquement en arrière, sur les jarrets. Cependant les longues lances garnies d’une houppe de crin, les luisantes carabines se croisent et s’entre-choquent. Bientôt la poudre parle, et la bande, excitée par ce bruit et cette odeur, se rue, se déchaîne en ardents tourbillons, poussant des cris farouches et soulevant le sable alentour.
Mais les équipages s’ébranlent, l’empereur François-Joseph et l’impératrice Eugénie sont en avant, dans une calèche à quatre chevaux attelée à la Daumont. Le prince de Prusse et la princesse des Pays-Bas suivent dans une voiture semblable. Le prince Murat vient ensuite dans un panier qu’il conduit lui-même, et après lui, diverses calèches où se trouvent les dames d’honneur de l’Impératrice et de la princesse des Pays-Bas. À quelques pas de la voiture des souverains, le khédive, dans un élégant panier, conduit lui-même un superbe attelage de deux chevaux gris tarbes. Des piqueurs précèdent le rapide cortège, qu escorte un détachement des cavas du khédive."
extrait de Voyage des souverains : Inauguration du Canal de Suez, texte par Gustave Nicole (1835-18..?) ; aquarelles d'après nature et portraits par Édouard Riou, peintre de Son Altesse le Khédive, 1870
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