date de la photo : 1880 - auteur non mentionné |
C'est par une des plus belles nuits de ce climat que nous descendîmes le canal. La lune jetait un éclat éblouissant. Enveloppé de mon manteau je restais sur le pont pour jouir de la fraîcheur, tout en me défendant contre le froid, qu'on sait assez dangereux en Égypte.
Les bateaux destinés au service postal ont été construits en conséquence. On y a ménagé un petit salon intérieur, puis une terrasse couverte et enfin, à l'avant, un emplacement organisé pour les dernières classes.
Tout le monde a suivi avec passion dans les journaux les détails qui concernent le percement de l'isthme de Suez, l’œuvre pharaonique de notre époque. Mais qui a pu se rendre un compte exact des difficultés vaincues ?
Qui, sans les avoir vues, aurait pu se faire une idée de ces machines aussi puissantes qu'ingénieuses, préparées pour vaincre, dans cette lutte de géants, et contre les hommes et contre la nature ?
Le canal existe. Ce chef-d'œuvre des temps modernes dépasse en grandeur et surtout en utilité commerciale les huit merveilles de l'antiquité. Toutes les conditions de navigation facile et sûre il les réunit, au grand avantage des ennemis mêmes de cette entreprise.
Toutefois, comme les choses humaines sont toujours imparfaites, il manque à celle-ci un développement plus complet. Il faudra une abondance encore plus grande des eaux pour ramener peu à peu la vie sur ces rives si longtemps abandonnées. Et pour cela il suffit qu'on veuille mettre à profit les années spécialement pluvieuses, réserver de grands volumes d'eaux douces et augmenter la masse destinée aux irrigations.
Ce n'était pas en un jour qu'on pouvait maîtriser le désert ; dans son œuvre de tant de siècles, il a opprimé et stérilisé la nature (...)"
extrait de L'Orient : tableau historique et poétique de l'Égypte (1880), par Antonin Thivel (1826-1883), collaborateur de la Revue du Lyonnais
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