photo Marc Chartier |
L'Égypte était coupée de canaux qui distribuaient partout ses eaux bienfaisantes. Ainsi ce fleuve, répandant la fécondité, unissant les villes entre elles et la mer Méditerranée avec la mer Rouge, servait d'engrais à l'agriculture, de lien au commerce, de barrière au royaume, et était tout ensemble, comme le dit Rollin, le nourricier et le défenseur de l'Égypte.
Le Nil a ses sources en Abyssinie ; il coule paisiblement dans les vastes solitudes de l'Éthiopie ; mais, en entrant en Égypte, il se trouve resserré dans un lit étroit, rempli de rochers énormes qu'on appelle cataractes, et qui le rendent furieux. Il précipite rapidement son cours du haut de ces roches dans la plaine, avec un tel bruit qu'on l'entend de trois lieues.
Ce qui cause ces débordements si nécessaires à la fertilité de l'Égypte, ce sont les pluies qui tombent régulièrement en Éthiopie, depuis le mois d'avril jusqu'à la fin d'août. L'inondation du Nil commence en Égypte à la fin de juin, et dure trois mois. Les plaines de ce beau royaume offrent ainsi deux aspects bien différents dans deux saisons de l'année. Tantôt c'est une vaste mer sur laquelle s'élèvent une grande quantité de villes et de villages ; tantôt c'est une belle et féconde prairie, peuplée de troupeaux, couverte de palmiers et d'orangers, dont la verdure émaillée de fleurs charme les yeux."
extrait de Histoire ancienne, par le comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830), diplomate, auteur dramatique, historien, poète ; élu à l'Académie française en 1803
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