auteur et date de ce cliché non mentionnés |
Imaginons qu'après avoir admiré la Grande Pyramide, nous revenions vers la route pour prendre ensuite la direction de Sakkarah, en suivant le plateau désert qui s'allonge sur notre droite. Tandis que la voiture cahote le long d'une route étroite, on croise des gens qui, çà et là, vaquent à leurs occupations. Ici, un homme conduit une charrue tirée par deux vaches attelées au même joug ; là, un autre en longue robe, coiffé d'un turban blanc, se penche sur un primitif appareil qui amène l'eau d'un canal à l'autre. Ce spectacle est presque resté le même depuis le temps des constructeurs de pyramides. On retrouve des scènes identiques sur les peintures ou les sculptures des tombeaux.
Une vallée plate et verdoyante s'étale à notre gauche, ponctuée du vert plus sombre des palmiers. Sur le fond de l'horizon, au-delà du fleuve, s'élèvent les falaises des confins du désert oriental ; là sont les carrières où les constructeurs trouvaient leur matériau. À droite, à quelques centaines de mètres en avant, se profile un groupe de pyramides, celui des "Abousir", bâti par quatre rois de la Ve dynastie, Neferefra, Nieuserra, Neferirkara et Sahura. À peine ont-elles disparu derrière nous que la pyramide à degrés de Djeser apparaît, puis d'autres à gauche, tandis que, semblable à un géant dans le lointain, l'énorme construction de Snefrou à Dahchour élève sa masse presque aussi imposante que celle de Chéphren.
Bientôt, les terres cultivées sont dépassées et les roues de l'automobile ne sillonnent plus qu'un sable léger. Tout le long de la piste, des trouées profondes ou des monticules de poteries témoignent d'un siècle d'excavations. Car la nécro- pole de Sakkarah est l'un des sites les plus fouillés d'Égypte. Après avoir quitté la voiture, on s'avance tant bien que mal dans le sable mou, à travers un vent froid qui balaye le ras du sol. Vers l'ouest s'étend un désert aussi stérile et désolé qu'au temps des pharaons. En bordure, l'imposante pyramide de Djeser oblige à s'arrêter. Ce monument est aussi la première des grandes constructions de pierre existant au monde."
extrait de La Pyramide ensevelie, 1957 (traduction par Françoise Noël), de l'archéologue égyptien Mohammed Zakaria Goneim (1905-1959) qui a découvert en 1951 à Saqqarah, près du Caire, une pyramide identifiée comme celle de Sekhemkhet, quatrième souverain de la IIIe dynastie (2780-2720).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.