Marilhat, Vue du Nil de Basse Égypte, vers 1840 |
Le rôle de la figure a été de rendre le tableau plus complet, de lui donner juste l'animation qui lui est nécessaire, mais à la condition de rester subjective, pour employer une expression de l'école. Et pour moi, s'il faut ici parler d'une impression personnelle, je vous dirai que le Nil me paraît plus grand peut-être, quand il coule dans la solitude, entre ses rives couvertes de bois de palmiers et de sycomores ou au milieu des sables du désert, que quand il passe au pied des villes, avec ses barques flottantes et la joyeuse population de ses bords.
La haute Égypte, avec ses temples, ses palais qui témoignent si hautement de son passé, n'a nul besoin, pour être belle, de la présence d'un être vivant : il y est plutôt écrasé ; ses hommes à elle, ce sont ses colosses, ses sphinx, sa population de granit immobile et silencieuse, si bien en harmonie avec ses pylônes et ses hypogées.
J'ai pensé souvent à un beau tableau qu'il y aurait à faire. La nuit tombe, un feu de pâtre à moitié éteint se devine dans l'ombre, et de grands troupeaux de moutons sont gardés par des sphinx accroupis à la face placide, aux yeux sans regard, à la bouche toujours scellée qui n'a pas dit son secret. Et pour conclure je dirai : Admirons, aimons cette belle nature qui nous entoure, dans ce qu'elle a de pittoresque et d'intéressant."
extrait de Le désert de Suez : cinq mois dans l'isthme, 1863, par Narcisse Berchère (1819 - 1891), peintre et graveur français
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